Cinq questions à Madame Jacqueline Galant

Ministre de la fonction publique, de la simplification administrative et informatique, des sports et des infrastructures sportives et des médias.

1-Vous avez les médias dans vos compétences. Cela concerne donc notamment la presse écrite et son pluralisme. La presse quotidienne écrite, francophone belge, est dans les mains de quelques grands groupes. Quelles mesures comptez-vous mettre en place pour garantir un véritable pluralisme dans ce paysage médiatique ?

En tant que ministre des Médias, mon objectif est de permettre le maintien d’un pluralisme au sein du monde médiatique dans son ensemble. J’ai souhaité que le soutien à la presse quotidienne écrite, mais également à la presse périodique soient maintenus en l’état cette année.

Je suis bien consciente que certains éditeurs éprouvent des difficultés. Le paysage de la FWB compte en effet de nombreux titres, et il est donc parfois compliqué de tirer son épingle du jeu. Mais il s’agit de médias privés et indépendants, qui par essence, ne peuvent donc pas vivre exclusivement de subsides ou d’aides d’état.

Par ailleurs, je crois sincèrement que le fait que plusieurs titres soient détenus par un même groupe ne veut pas dire que le pluralisme n’existe pas. La plupart des titres ont des sujets de traitement et des angles spécifiques (L’ECHO pour l’économie, La DH pour les Sports, etc.).

  1. Nous vendons la presse papier. Comment évaluez-vous l’impact de la transition numérique sur les médias papiers et comment soutenir leur pérennité ?

Personnellement, je suis très attachée à la presse papier. Quand j’étais plus jeune, les gens se pressaient le matin pour acheter leur journal quotidien mais actuellement, quand on va dans une librairie, il y a 3-4 exemplaires de chaque titre. Je le regrette sincèrement mais il faut pouvoir poser le constat et aller vers le modèle de la presse de demain. Cependant, parallèlement à la nécessaire transition numérique, il me semble important que la presse écrite ne délaisse pas le papier.

  1. La librairie-presse est un vecteur de démocratie, de culture, d’éducation et de lien social. En 2017, le parlement belge a adopté à l’unanimité une résolution qui appuyait 5 points dont un qui soulignait ce rôle important de lien social des librairies-presse. Comment pouvez-vous, à votre niveau, aider ce circuit de vente très fragilité aujourd’hui, puisque tous les jours, des librairies-presse ferment leur porte ?

Comme vous le dites, cette question relève du niveau fédéral. A mon niveau, et comme élue locale, je relaie fort l’importance de soutenir les librairies-presse comme endroits de vie dans nos localités. On doit pouvoir les accompagner.

Je rencontrerai prochainement la Ministre MATZ et j’aborderai, entre autres, le point de la distribution des journaux.

  1. Est-il envisageable que dans le cadre de vos compétences ‘médias,’ vous puissiez collaborer avec les libraires-presse pour promouvoir la lecture et l’achat de journaux auprès des jeunes générations ?

Pour être tout à fait honnête, les librairies-presse relèvent plutôt de la compétence des Ministres de l’Économie. Mais un de mes grands axes, c’est l’éducation aux médias. Dès que je discute avec des jeunes sur la montée de la désinformation, je les encourage toujours à traverser la rue et à aller acheter le journal papier de leur choix. Ce doit devenir un réflexe pour les jeunes générations.

Le Gouvernement de la FWB a l’objectif de travailler avec les écoles pour continuer à encourager les élèves à lire les journaux. Je soutiendrai à 100% ces initiatives auprès des plus jeunes !

  1. Vous vous dites attachée à la presse écrite, est-ce que le métier de libraire aurait pu être une vocation pour vous ?

Vous savez, moi je suis Bourgmestre d’une commune de 10,000 habitants depuis 25 ans. Le terrain, les gens, les échanges simples, c’est toute ma vie. Je ne sais pas si j’aurais pu être libraire mais en tout cas j’adore ce que les librairies représentent : un vrai endroit de vie, d’échanges et de partage. En plus j’adore l’odeur des librairies : l’odeur du papier. Je sais que ce n’est pas un métier facile tous les jours mais j’encourage chacun à tenir bon.

Interview Walter Agosti