Cinq questions à Monsieur Joeri IMPENS – CEO BINGOAL

Quel est votre parcours professionnel et en quoi consiste votre fonction au sein de Bingoal ?

J’ai commencé en 1993, au moment de l’informatisation des paris hippiques. J’ai donc été témoin d’une transition révolutionnaire. On est passé d’une collecte de tickets de paris par des taxis aux tout premiers ordinateurs. Bingoal s’appelait encore le PMU belge et, moi je me tenais au côté de mon père qui était alors directeur général de l’entreprise. Pendant 20 ans, j’ai fait toutes sortes de choses au sein de l’entreprise : informatique, bookmaking, intégration de salles de jeux et développement d’un nouveau site web pour intégrer les points de vente. En octobre 2013, mon père est décédé de manière inattendue et j’ai dû reprendre la direction de l’entreprise plus tôt que prévu. J’aurais préféré une période de rodage plus longue, car ces années ont été difficiles. En tant que CEO, je suis le visage de Bingoal. Mais disons que je préfère me voir comme l’homme des coulisses qui réfléchit aux objectifs à long et à moyen terme de Bingoal.

Votre société est affiliée à l’union professionnelles des agences de Paris qui   s’appelle UPAP. Quel est son rôle et ses objectifs ?

L’UPAP est une organisation qui défend les intérêts des points de vente, c’est-à-dire des opérateurs indépendants, et des opérateurs. Actuellement, l’UPAP regroupe quatre opérateurs : Ladbrokes, Betcenter, Eforbet et Bingoal. Le rôle de l’UPAP est donc de fournir des informations aux points de vente, de faire du lobbying et d’intenter des actions en justice. Il est plus facile de passer à l’attaque et de faire du lobbying à quatre que de le faire seul avec sa propre structure. Nous pouvons, par exemple, nous adresser à la Commission des jeux de Hasard et dire : voici l’avis de quatre opérateurs.

Il existe d’autres organismes comme l’UPAP qui regroupent de grands acteurs comme Unibet et Napoleon Games et tant mieux. La création d’un groupe d’intérêt pour tout le secteur des jeux et paris n’est pas envisageable. Cela n’a jamais fonctionné et ne fonctionnera jamais dans notre secteur.

De nombreux libraires sont sanctionnés par la limite des 250.000€ de mise par ans. Comptez vous contester cette obligation ?

Auparavant, il suffisait de louer un local dans lequel on proposait trois paquets de cigarettes, cinq journaux et quelques boissons, puis de le remplir de machines à sous, pour obtenir une licence de marchand de journaux. Mais l’arrêté royal est allé à l’encontre du but recherché. On ne peut pas exiger d’un libraire situé en pleine campagne de mettre 200 titres en vente et qu’il fasse au moins autant de chiffre d’affaires avec les journaux pour obtenir une licence. Nous avons donc saisi le Conseil d’État pour faire annuler l’arrêté royal. Le verdict sera rendu en octobre et tout porte à croire que la décision sera annulée. La première étape après l’annulation de la décision est la réouverture de tous les points de vente qui ont perdu leur licence. Ces indépendants ne peuvent pas survivre sans proposer des activités annexes telles que les paris sportifs. D’autre part, la voie est à nouveau ouverte aux personnes qui souhaitent ouvrir de faux kiosques à journaux. So be it. Cela incitera peut-être le gouvernement de nous consulter avec de passer à l’action.

En comparaison avec nos pays voisins, notre législation sur les jeux est-elle plus contraignante ?

Les législateurs auraient dû prendre des mesures dans le passé pour freiner l’offre excessive de publicité pour les jeux d’argent. Aujourd’hui, on nous dit : plus de publicité. En tant que législateur, il faut savoir tracer certaines lignes, mais il faut aussi soutenir le secteur légal. Pourquoi la classe politique, laisse-t-elle certains acteurs aller trop loin, et décide ensuite de couper dans le vif ? L’Italie est un bon exemple. Il y a quelques années, elle a imposé une interdiction totale de la publicité pour les jeux d’argent. Aujourd’hui, le gouvernement envisage d’autoriser la publicité de manière limitée. En Belgique, nous devrions en tirer des leçons.

Comment envisagez vous le développement de votre société en 2024 ?

Nous préparons le lancement du nouveau site web, nous avons l’ambition de proposer nos paris sur les courses de chevaux dans d’autres pays et nous sommes constamment à la recherche de nouveaux opérateurs pour accroître notre offre de jeux de casino en ligne. Il sera également important pour nous de rester un partenaire fiable des libraires et de maintenir notre position dans le paysage belge. En effet, nous constatons que des entreprises familiales telles que Bingoal sont absorbées par des sociétés cotées en bourse et des groupes de capital-investissement. Nous voulons conserver notre ancrage belge !

Interview Walter Agosti