Cinq questions à Tom Vermeirsch – DIRECTEUR CHEZ PPP

  1. Quelles sont les pistes actuellement envisagées pour assurer la distribution des journaux aux abonnés après la fin de la concession postale avec Bpost ?

L’ancien modèle de concession publique, où bpost détenait une quasi-exclusivité de fait pour la distribution, a officiellement pris fin en 2023. Les éditeurs doivent maintenant contracter directement avec des distributeurs indépendants, marquant ainsi la fin du rôle quasi-exclusif de bpost. Un plan de transition commune par commune a été élaboré, prévoyant le transfert progressif des volumes vers le secteur privé. Ce processus a débuté à l’automne 2024 et s’étendra sur plusieurs années. Aux côtés d’AMP, PPP est aujourd’hui le principal acteur privé dans la distribution des abonnements. La distribution des abonnements n’est pas si évidente, c’est un véritable métier en soi. PPP est un acteur bien établi, qui assure depuis de nombreuses années (1993) la distribution à Bruxelles, à Anvers et à Gand, des zones qui n’ont d’ailleurs jamais été desservies par bpost. Aujourd’hui, PPP poursuit son expansion vers de nouveaux territoires, grâce à son infrastructure solide et à son savoir-faire accumulé au fil des années. Il existe aussi déjà aujourd’hui des collaborations entre PPP et des librairies de journaux, qui peuvent assurer le « last mile » grâce à la qualité exceptionnelle du service que ces professionnels offrent.

  1. Y t-il une différence dans l’organisation de cette distribution entre la Flandre et la Wallonie/Bruxelles ?

En Flandre, il était initialement prévu de transférer progressivement environ 70 % des volumes Bpost à la filiale AMP et 30% vers PPP, dès l’automne 2024 jusque juin 2026.  La part de marché d’AMP a entre-temps été revue à la baisse, à 30 %, sous la pression des éditeurs. Cela signifie qu’un volume supplémentaire important sera redistribué vers des acteurs privés comme PPP.

Cependant, pour la Wallonie, l’accord actuel exclut l’usage de la filiale AMP pour préserver l’emploi postal local. Un accord avec les éditeurs francophones permet à bpost de poursuivre la distribution des journaux en Wallonie jusqu’en décembre 2025, avec une prolongation déjà actée jusqu’au 30 avril 2027, pour permettre une transition progressive. En 2025, plusieurs tests pilotes logistiques seront menés par des éditeurs dans certaines régions (Ath, Leuze-en-Hainaut, Frasnes-lez-Anvaing) afin d’évaluer des modèles de distribution plus flexibles et moins coûteux, par exemple avec PPP. Ces projets sont portés notamment par DIRECTPRESS (Rossel/IPM). Une collaboration possible avec les librairies de journaux fait partie des options envisagées par cette dernière.

  1. Quel rôle joue actuellement AMP dans ce contexte de transition ?

AMP est un distributeur de presse bien implanté en Belgique, reconnu pour sa logistique rapide et fiable. Il dispose d’un vaste réseau et d’une grande expertise dans la gestion des flux quotidiens de journaux et magazines concernant la vente au numéro.
AMP est une filiale de bpost, et il est logique que bpost souhaite lui confier ses activités mais la distribution des abonnements est toutefois une activité tout à fait différente, avec une infrastructure et des besoins spécifiques. Le recrutement et la gestion des distributeurs requiert un savoir-faire spécifique et n’est certainement pas une synécure. Il faut également disposer d’un système de suivi en ligne performant (Application Mobile), permettant de gérer les éventuels problèmes en temps réel. Il n’est donc vraiment pas évident de concilier la vente au numéro avec la distribution des abonnements.

  1. Enfin, quel rôle les librairies-presse pourraient-elles jouer dans le nouveau modèle de distribution ?
    Est-il envisageable de renforcer leur implication, que ce soit comme points relais pour les abonnés, partenaires logistiques ou acteurs à part entière de la chaîne de distribution ?

Les librairies de journaux peuvent certainement jouer un rôle dans la distribution des quotidiens. Elles travaillent avec une grande précision et un vrai professionnalisme. Cela reste toutefois toujours une question d’équilibre entre le temps investi et la rémunération. Les journaux doivent être distribués avant 8h du matin, et il faut des volumes suffisants pour que cela soit rentable pour le point de vente. Au final, cela reste une décision personnelle de chaque commerçant.

5 Le magasin de journaux en Belgique a-t-il encore un avenir, ou va-t-il devenir un musée où l’on expliquera aux enfants ce qu’était le papier ?

 Le magasin de journaux a encore de l’avenir, mais il va devoir se réinventer sérieusement. Moins « journal et cigarette », et plus « point relais, produits du terroir et coin papote ». Le magasin du futur vendra peut-être moins de papier, mais bien plus de services, d’ambiance et de liens sociaux. Donc non, pas un musée… mais plutôt un lieu moderne où l’on sent l’odeur du café… avec parfois encore un journal à côté.

 

Interview Walter Agosti