Cinq questions à PIERRE DERAEDT
Director External Affairs BE & LUX at Philip Morris Benelux
1 .Merci de vous présenter et de nous expliquer votre fonction au sein de Philip Morris
J’ai débuté chez Philip Morris en 2003 en tant que délégué commercial après quoi j’ai occupé diverses fonctions, principalement commerciales. En 2012 j’ai pris une direction complètement différente en rejoignant notre service ‘affaires extérieures’, que je dirige entretemps depuis 2018. Ce service gère toutes les relations externes de notre entreprise, tant envers les pouvoirs publics, la presse qu’envers les divers groupes d’intérêts.
2 Comment voyez-vous l’évolution de la consommation du tabac et de la cigarette en particulier ?
Depuis mes débuts dans le secteur, il est clair que le nombre de fumeurs a diminué. Cependant, on constate que malgré la mise en place de nombreuses restrictions supplémentaires telles que le paquet neutre et les fortes augmentations d’accises, le nombre de fumeurs en Belgique ne semble plus vraiment diminuer ces dernières années. Il existe aujourd’hui divers produits novateurs tels que le tabac chauffé et la cigarette électronique, dont il est démontré qu’ils présentent nettement moins de risques que de continuer de fumer. Nous sommes convaincus qu’avec le soutien des détaillants et une règlementation adaptée à ces produits, il est possible de transformer complètement notre secteur au bénéfice des fumeurs, des détaillants et de la santé publique.
3 Au niveau des produits alternatifs, vous avez mis sur le marché, il y a quelques années, un produit novateur appelé « lQOS ». De quoi s’agit-il et pourquoi ne le voyons-nous pas sur le marché belge ?
IQOS est un produit qui chauffe le tabac sans le bruler. Il n’y a donc pas de fumée quand on l’utilise, mais une vapeur. Grace à l’absence de combustion ce produit permet, tout comme la cigarette électronique, de réduire drastiquement les substances toxiques comparé à la fumée de cigarette. Entretemps IQOS est disponible dans plus de 70 pays dans le monde, dont pratiquement toute l’UE. En Belgique, ce n’est malheureusement pas encore le cas. La législation ne permet actuellement pas de d’informer les fumeurs de la différence entre IQOS et la cigarette traditionnelle. Comment voulez-vous convaincre un fumeur invétéré des bénéfices de cette alternative dans ces circonstances, alors que même le Conseil Supérieur de la Santé s’accorde à dire que la plus grande partie des fumeurs pense que les cigarettes électroniques sont aussi ou même plus nocives que fumer ?
4 Quelle est votre position sur la demande des diverses associations professionnelles d’être un réseau référent en Belgique et donc d’avoir une forte réduction des points de vente tabac ?
Pour convaincre les fumeurs de passer à une alternative à moindre risque, il y a un besoin d’explication et d’information. Ceci ne peut que se faire dans un réseau proche de sa clientèle et capable de guider les fumeurs vers de meilleures alternatives sur base d’expertise et d’informations correctes. Un réseau référent est donc important pour la mise en place de la transformation que nous envisageons et les libraires-presse ont tous les atouts pour jouer ce rôle si le cadre législatif le leur permet.
5 Comment PMI peut-il encore aider les libraires alors que les marges sont sous une pression jamais atteinte ?
Pour nous, l’avenir se trouve dans les alternatives à moindres risques. Si elles sont correctement règlementées et taxées équitablement, celles-ci pourraient transformer le secteur de manière durable. Entre temps, les fortes augmentations d’accises sur les cigarettes et le tabac à rouler mettent une énorme pression sur la profitabilité du secteur. En imposant de telles augmentations, le gouvernement laisse peu de marge pour améliorer la profitabilité du secteur sans risquer que les fumeurs se détournent vers des produits moins chers ou le marché illicite. De plus, toute augmentation de prix est automatiquement taxée à plus de 50% sous le système actuel. Ce qui veut par exemple dire qu’un fabricant qui veut répercuter des couts d’inflation dans ses prix doit « payer » à l’état pour pouvoir le faire. C’est pour cela que nous préconisons des hausses d’accises modérées et une réforme du système qui pénaliserait moins les augmentations de prix qui veulent améliorer la profitabilité du secteur.
Interview : Walter Agosti